Versailles, Soleil des Yvelines
Le Domaine de Montreuil
Les avatars d’une maison princière
Dès le XIIe siècle, Montreuil est une modeste seigneurie possédant un petit manoir entouré de prairies, bois et marais. Cette campagne devient la promenade à la mode des habitants de Versailles.
La formation du domaine de Montreuil est l’œuvre du prince et de la princesse de Guéméné. Le couple, depuis 1764, loue quelques maisons, dans le secteur où sera constitué son domaine. Le bâtiment qui deviendra demeure de Madame Elisabeth, est celui ayant appartenu à une sous-gouvernante des Enfants de France, Louise-Sophie Cook. C’est cette maison que les Guéméné ont considérablement fait transformer. La réalisation des travaux est confiée à l’architecte Alexandre Louis Etable de La Brière. Si La Brière conserve certains bâtiments existants et y ajoutent des constructions neuves, d’autres parcelles sont aménagées entièrement par ses soins notamment l’orangerie. Contiguës à cette œuvre, on trouve alors la ferme, la maison du jardinier, la vacherie et la laiterie.
Elisabeth en son domaine
En 1783, criblé de dettes, le couple Guéméné quitte la cour de Versailles et vend le domaine de Montreuil pour la somme de 80 000 livres à Louis XVI. Le roi l’offre à sa sœur cadette, Madame Élisabeth, âgée de 19 ans. Cette dernière connaît les lieux ; elle y a souvent accompagné sa gouvernante. Jusqu’à sa majorité – vingt-cinq ans à l’époque – elle ne peut y séjourner que durant le jour et doit rentrer le soir au château. Pendant six ans, Elisabeth vint respirer le bon air de Montreuil en compagnie d’amies inséparables. La jeune-femme occupait ses journées à se promener, monter à cheval, peindre à l’aquarelle et se livrer à de petites expériences scientifiques, lire, se consacrer à des travaux d’aiguille et organiser la charité. Ses bonnes œuvres étaient d’ailleurs fameuses.
Le domaine de Montreuil était ainsi devenu, aux confins de Versailles, comme une oasis de bonté, exclusivement vouée aux amitiés féminines… même si Elisabeth n’était pas aussi prude que l’on pourrait l’imaginer. Pour tout dire, elle se consumait en secret pour son propre médecin, un beau jeune homme du nom de Dassy.
Un jardin anglais pas comme les autres
Dessiné entre 1772 et 1782 par Alexandre de La Brière, architecte du roi, le parc fut un des plus beaux jardins anglais de son époque. C’est une réussite pour l’architecte qui est parvenu à aménager un potager, un jardin anglais traversé par une rivière coulant entre monts et rochers mais également deux grottes dans seulement 8 hectares !
A la fin de l’Ancien Régime, le parc était bordé au nord par une laiterie et une vacherie – aujourd’hui disparues – ainsi que par une orangerie. Venait ensuite un potager, comptant des plantes rares que le grand botaniste Le Monnier, médecin des Enfants de France, faisait venir de pays lointains.
A l’est, se trouvaient la rivière d’agrément, enserrant une île et disparaissant dans une grotte.
L’essentiel de ces aménagements a disparu au cours du XIXe siècle.
Une maison confortable mais modeste
En ce qui concerne l’intérieur de la bâtisse, le constat est sans appel : la maison est en mauvais état, insalubre et d’une distribution discutable. De nouveaux plans sont dressés mais à la condition d’écarter toute idée de luxe à la demande de Madame Elisabeth.
L’entrée se fait désormais rue du Bon-Conseil et, en longeant les communs, on arrive à la nouvelle chapelle qui réunit les communs à la maison. On pénètre directement dans l’appartement de réception par un vestibule ; à gauche, la salle des gardes et à droite une première antichambre, suivie d’une seconde qui ouvre à la fois sur le grand escalier et sur la salle des buffets. Le salon de musique est transformé en salon de compagnie. En revenant à l’escalier, on pénètre dans l’appartement privé par la salle de clavecin. Les salons sur jardins demeurent inchangés. Les appartements dévolus à la Maison de la princesse sont considérablement augmentés, occupant même une partie du premier étage des communs.