Madame Elisabeth
Babet, l’irrésistible orpheline
Née le 3 mai 1764, dernière d’une kyrielle de princes et de princesses, Élisabeth ne revêtait, au berceau, aucune importance dynastique. Orpheline de père, le dauphin Louis Ferdinand, alors qu’elle marchait à peine, Elisabeth vit sa mère disparaître à son tour à la fin de l’hiver 1767. Marie-Josèphe de Saxe laissait orpheline une fratrie de cinq enfants dont l’aîné, Louis Auguste, duc de Berry, allait devenir le futur Louis XVI.
Élevée avec sa sœur Clothilde par Mme de Marsan, gouvernante en titre des Enfants de France, et ses deux assistantes, Mme d’Aumale et Mme de Mackau, Babet – comme on appelait Élisabeth dans un cercle très intime – manifestait une fraîcheur, une gaieté qui, naturellement, la rendaient assez irrésistible. Peu douée pour les Lettres, Elisabeth préférait les Sciences et suivait, avec cœur, l’instruction religieuse.
Sacres et sacrements
Au printemps 1774 c’est le roi Louis XV qui s’éteint et c’est, pour Elisabeth, son grand-père qui disparaît. Incitée par l’abbé Madier, la jeune-fille s’en remet à Dieu dont elle se veut à la fois l’enfant privilégiée et l’humble servante. Le départ de sa sœur Clothilde pour Turin où elle devait rejoindre les Piémontais, fut un déchirement pour Elisabeth que son frère aîné, Louis, devenu souverain, décida de prendre sous son aile à la cour.
Ainsi Madame Élisabeth devenait-elle pas à pas, discrètement, une personne royale à part entière. Accompagnée désormais d’une dame d’honneur – la marquise de Causans –, il lui arriva même, à l’occasion, de représenter le roi ou la reine en de petites circonstances.
Les intrigues de la cour
’il se murmurait qu’Elisabeth prendrait le voile, la jeune-fille, songeait, elle, à se marier. Promise un temps à l’empereur Joseph, frère de Marie-Antoinette en personne, leur union ne se fit pas. Le roi décida, pour les quatorze ans de sa sœur, de lui constituer une Maison – c’est-à-dire un état d’une quinzaine de gens d’office, lui permettant d’assumer son rang à la cour et ses obligations d’État. C’était sans compter les intrigues de la cour et la jalousie de Marie-Antoinette qui voyait d’un très mauvais œil le favoritisme de Louis XVI envers Elisabeth. Celle-ci, courait se réfugier dans la piété chaque fois qu’elle le pouvait.
Son frère lui fit alors le plus beau des cadeaux en lui offrant, en juillet, 1783, le domaine de Montreuil.
La tourmente
Vint 1789, ses États généraux, ses Journées d’Octobre et sa Révolution. On vint chercher Madame Elisabeth en sa demeure de Montreuil pour l’emmener avec la famille royale aux Tuileries, où leur sort allait bientôt être scellé. Elisabeth aurait pu choisir l’exile mais la tourmente révolutionnaire ne la détournerait en rien de sa fidélité à la monarchie. La fuite à Varennes, les terribles événements de juin puis d’août 1792 : Elisabeth en fut, avec son frère et sa belle-sœur. Et, finalement, comme eux, après un pénible et long épisode d’emprisonnement au Temple, Madame Elisabeth fut renvoyée devant le tribunal révolutionnaire. Lorsque la sentence fut prononcée, la princesse ne cilla pas et jusqu’au pied de l’échafaud, elle ne cessa de dispenser autour d’elle sa foi ardente : « Nous allons nous retrouver au ciel », murmura la princesse une dernière fois.