Derrière la grille du château de Maisons

Derrière la grille du château de Maisons

Bâti au milieu du XVIIe siècle par François Mansart, le château de Maisons , source d’inspiration pour ceux de Versailles et de Vaux-le-Vicomte, est une petite pépite qui mérite à coup sûr le détour avec une visite pleine de jolies surprises. Au-delà de l’histoire de la demeure, il permet aussi de mieux comprendre comment la ville a évolué au fil des siècles sous l’impulsion d’un certain Jacques… Laffitte.

Chaque jour, les milliers d’automobilistes qui franchissent la Seine par le pont reliant Maisons-Laffitte à Sartrouville l’aperçoivent. Peut-être sans trop y faire attention. La force de l’habitude. Quel dommage. Pour ma part cycliste, mes périples m’ont régulièrement fait rouler aux abords de ce château de Maisons-Laffitte. Il m’arrive même parfois de faire un petit détour le soir pour profiter du soleil couchant qui éclaire somptueusement l’édifice lorsqu’on le découvre côté hippodrome avec au premier plan, une statue de cheval au galop parfaite illustration d’une ville qui se définit comme la « Cité du cheval » (le bronze baptisé « cheval de Chaconne » et signé Frédéric Jager a été posé à cet endroit en 2010). Sublime contre-jour. Un dimanche de cet été, les grilles étant ouvertes, je me suis (enfin) décidé à aller le visiter. Une vraie belle surprise.

Louis XIX, Napoléon, Voltaire… les plus grands y ont séjourné

Construit en 1651 par François Mansart pour René de Longueil (soit bien avant Versailles ou Vaux-le-Vicomte), le château a vu défiler les plus grands noms de notre histoire de France. Le jeune Louis XIV y fit la fête. Plus tard, Napoléon fréquenta également l’endroit alors propriété de Jean Lannes, maréchal de l’empereur, qui l’avait récupéré après le comte d’Artois (frère de Louis XV et futur Charles X), déchu de ses biens par la Révolution. Anne d’Autriche (alors régente), Marie-Thérèse d’Autriche (épouse de Louis XIV), Mazarin, Voltaire, La Fayette y ont également défilé.

Le rez-de-chaussée et le premier étage, reliés par un très bel escalier d’honneur, proposent une très agréable visite (au frais) des appartements des différents occupants du château. On y découvre de très belles œuvres, de superbes tableaux, boiseries, meubles, bas-reliefs et sculptures (petit coup de cœur pour le cabinet aux miroirs et son parquet en marqueterie de bois, d’os et d’étain).

De Maisons-sur-Seine à Maisons-Laffitte

Le sous-sol avec la chambre aux bains et la cuisine, permet également de mieux connaitre la vie de Jacques Laffitte. Pas le pilote de formule 1 des années 70 et 80 (qui s’écrit d’ailleurs Laffite avec un seul T) mais l’industriel, banquier et homme politique qui donna son nom à la ville jusqu’alors baptisée Maisons-sur-Seine. Propriétaire du château depuis 1818, Laffitte, confronté à des problèmes financiers, décida dès 1834 de vendre le parc en parcelles de différentes tailles. Ainsi naquit le parc de Maisons-Laffitte. Le visiteur y apprend également que Jacques Laffitte était à l’origine de la tradition des courses hippiques dans la ville, même si c’est son neveu Charles qui mettra en œuvre ses projets (Charles Laffitte fut aussi celui qui amena le chemin de fer entre 1841 et 1843).

Le château, menacé de destruction, fut finalement racheté par l’État en 1905. Il mérite vraiment d’y passer un peu de temps avant, pour les cyclistes comme moi ou pour ceux qui empruntent les itinéraires de la Seine à Vélo  et de l’ Avenue verte Paris-Londres , de reprendre le vélo et de partir se balader sur les grandes avenues ombragées de la ville puis éventuellement de rejoindre les bords de Seine pour poursuivre sa route.