Les Yvelines, au fil de la Seine… à vélo
Aimer se déplacer à vélo, c’est s’offrir le luxe de prendre son temps, et parfois même de l’étirer. Tel un cours d’eau qui s’étire de sa source vers l’océan. Prendre son vélo pour suivre le rythme des eaux de la Seine à travers les Yvelines apparaît alors comme une évidence. Pascal vous emmène à la découverte à vélo des bords de Seine !
C’était une idée qui me titillait depuis longtemps. Plus qu’une idée d’ailleurs, une envie : traverser notre beau département à vélo en me laissant guider par la Seine et en respectant chacune de ses boucles.
Pascal
Si la Vallée de Chevreuse est l’un des spots préférés de tous les cyclistes franciliens (voir récit L’histoire d’une découverte des Yvelines à vélo), les Yvelines proposent de multiples autres possibilités. Inauguré en 2020, l’itinéraire la Seine à Vélo traverse ainsi les Yvelines sur 83 km. De quoi s’offrir une belle balade.
Comme toujours, Saint-Germain-en-Laye est le point de départ de mon périple. Direction l’ouest. Pour être précis, la Seine entre sur le territoire des Yvelines un peu plus à l’est, du côté de Carrières-sur-Seine avant de traverser Chatou avec notamment l’Île aux impressionnistes. Ces quelques kilomètres en amont de Saint-Germain sont d’une telle richesse qu’ils méritent à eux seuls une prochaine sortie.
Départ donc à Saint-Germain, devant le château. Une courte descente le long de la Rampe des Grottes, derniers vestiges du Château Neuf où naquit en 1638 un certain Louis « Dieudonné » de Bourbon, futur Louis XIV, et nous voilà déjà sur le bord du fleuve sur la commune du Pecq. Direction Maisons-Laffitte (du nom de Jacques Laffitte, industriel qui urbanisa le parc du château de Maisons-sur-Seine au début du XIXe siècle) avec son château bâti par François Mansart au XVIIe siècle. Petite pensée au passage devant la boulangerie Durand, là où est né en 1909… le gâteau Paris-Brest en l’honneur de la course cycliste Paris-Brest, initiée en 1891 par le journaliste Pierre Giffard, originaire de Maisons-Laffitte. Un pont permet de rejoindre Sartrouville sur la rive droite pour filer vers Conflans-Sainte-Honorine et son agréable promenade aménagée en bord de Seine. Sur les nombreuses terrasses posées sur les quais, on profite déjà des premières belles journées. Les pots de glace ont commencé à remplacer les chocolats chauds. Mieux que les hirondelles pour annoncer le printemps. J’y reviendrai une autre fois, sans le vélo, pour y visiter le Musée de la Batellerie et des Voies navigables qui retrace toute l’histoire de la navigation fluviale.
La Collégiale Notre-Dame de Mantes-la-Jolie à l’horizon
La D190, toujours sur la rive droite nous mène vers Mantes. La route est plate, gros avantage de suivre un cours d’eau et de profiter d’un dénivelé raisonnable. A Triel-sur-Seine, l’itinéraire Vélo en Seine nous ramène sur la rive gauche pour nous conduire jusqu’à Mantes-la-Jolie où se dresse la Collégiale Notre-Dame, église gothique aux allures de cathédrale.
Nouveau franchissement de la Seine et dès la sortie du Pont de Limay, cap à gauche pour épouser les contours de cette boucle de la Seine qui va nous amener à Guernes. C’est l’heure de la récré. Comme dans tous les villages traversés, passer devant une de ces petites écoles primaires souvent nichées juste à côté de la mairie, c’est entendre des cris, des rires, c’est voir des parties de foot avec deux pulls posés par terre pour faire office de poteaux des buts. C’est entendre et voir la vie.
A la sortie du village, une petite route sur la gauche mène au Port Ilon. Jusqu’à 200 bateaux peuvent venir amarrer dans la marina, implantée au cœur d’une zone Natura 2000. Le temps de poser son vélo et de profiter du calme de l’endroit. Sur le bord de la route qui mène au port, au niveau des étangs de Flicourt (36 hectares), quelques observatoires aménagés, en accès libre, permettent aussi aux amateurs d’oiseaux de venir contempler le spectacle de la nature sans être vus et surtout sans déranger pies-grièches écorcheurs, bondrées apivores, œdicnèmes criards et autres espèces protégées.
Sur la trace des Impressionnistes
Quelques kilomètres me font emprunter les routes du Val-d’Oise. Le village de Vétheuil mérite un arrêt. Claude Monnet y résida trois ans et y peignit 150 tableaux. Impossible de manquer l’église Notre-Dame, classée monument historique, avec son toit à motifs polychromes. Direction La Roche-Guyon, l’un des plus beaux villages de France avec son château et son donjon perché sur les falaises de craie.
A la sortie de Vétheuil, deux options : la route de bord de Seine qui permettra de découvrir l’église troglodyte de Haute-Isle taillée dans la craie ou bien, juste au-dessus, la route des Crêtes qui offre de très belles vues sur le fleuve. Évidemment ne jamais oublier que crête rime avec grimpette et que les belles choses se méritent. Mieux vaut être prêt à entamer une bonne montée bien pentue avant de pouvoir profiter d’un peu de répit…
La Roche-Guyon est certes une commune du Val d’Oise, mais il faut être beau joueur et saluer la beauté de ce village. Il est temps de repartir, toujours en suivant le cours de la Seine et l’itinéraire Vélo en Seine.
Petit conseil, permettez-vous un crochet. À Glachalôse (environ 5 km après La Roche-Guyon), une petite route sur la droite mène vers Gommecourt. Un peu plus d’un kilomètre de montée qui picote un peu les gambettes (encore !) mais la récompense est au bout, ou plutôt au sommet, avec un point de vue unique et un panorama XXL sur les Yvelines. Pour moi la plus belle vue sur la vallée de la Seine de notre région. Le temps de prendre quelques photos, et retour par la même route pour revenir sur les bords du fleuve. Avec ma fidèle bicyclette, nous revoilà dans notre département avec Bennecourt qui se profile, puis Limetz. La D5 nous fait entrer pour quelques kilomètres dans l’Eure. Juste le temps de traverser Giverny, haut-lieu de l’impressionnisme avec son musée des impressionnistes. Le petit village, souvent très fréquenté par les visiteurs, permet de se replonger dans l’univers de Claude Monet et notamment de visiter le jardin où il créa sa très célèbre série des nymphéas.
La Seine poursuit sa route à travers la Normandie. Pour moi, le compteur affiche déjà une bonne centaine de kilomètres. Il est donc grand temps de penser au retour.
La corniche de Rolleboise et sa vue imprenable
Il débutera sur la rive gauche en empruntant le pont de Vernon, dans l’Eure. Dès la sortie de Vernon, retour dans les Yvelines. Au niveau de Bonnières-sur-Seine, longer la Seine amène à Freneuse et permet de filer vers Moisson, joli petit village installé juste en face du château de la Roche-Guyon, côté yvelinois cette fois. Installée au bord d’un plan d’eau, la base de plein air et de loisirs des Boucles de Seine offre un agréable lieu de détente avec même un golf de 18 trous pour les spécialistes. La balade en vélo traverse la Réserve naturelle régionale de la Boucle de Moisson et nous ramène vers Mousseaux avant de plonger vers le barrage de Méricourt, inauguré en 1886. Un lieu historique puisque c’est ici, qu’en août 1944, les troupes américaines franchirent le fleuve pour la première fois. L’édifice est impressionnant avec sa grande écluse longue de 185m et large de 30 m qui permet aux bateaux à fort tonnage de remonter le fleuve jusqu’à Paris.
À Rolleboise, un petit détour (avec une bonne grimpette en bonus pour faire chauffer les cuisses) permet de monter jusqu’au Domaine de la Corniche, établissement hôtelier de belle renommée avec là encore un point de vue magnifique sur la Seine.
La Seine ne coule pas que sous le Pont Mirabeau
Nous revoilà assez vite à Mantes. La piste cyclable créée le long de la Seine permet d’apprécier la promenade. On découvre également le bassin d’aviron, l’un des plus réputés de France. Médaillée d’argent aux Jeux olympiques de Tokyo et toute récente championne de France en skiff, Claire Bové y a découvert les joies de la glisse. Pour éviter une partie de route sans grand intérêt, mieux vaut alors rejoindre Limay pour retrouver la rive droite. L’occasion aussi de profiter de la vue sur l’île l’Aumône (2 km de longueur qui abrite une réserve ornithologique, l’Île aux Dames (3 km de longueur) et sur le Vieux Pont de Limay dont la première construction remonte au XIIe siècle. Il n’y a pas que sous le Pont Mirabeau que coule la Seine Monsieur Apollinaire.
Les deux cheminées de l’ancienne usine thermique de Porcheville (à l’arrêt depuis 2017), bien connues de tous ceux qui empruntent l’A13 en direction (ou au retour) de la Normandie, se dressent face à nous. Avec leurs 220 mètres de hauteur (conçues ainsi pour que les fumées soient évacuées au-dessus de la falaise de 70 m qui fait face à l’usine), impossible de les manquer.
Un coucou à Ronsard, Zola et Cézanne au Château de Médan,
A Triel-sur-Seine, l’idéal est de traverser à nouveau la Seine pour poursuivre sa route. L’arrivée n’est plus très loin. Sur les derniers kilomètres, juste après Vernouillet, apparait le château de Médan, ancien pavillon de chasse du XVe siècle, un temps fréquenté par des artistes comme Ronsard et les poètes de la Pléiade ou encore le Prix Nobel de littérature 1924, Maurice Maeterlinck. Invité chez son ami Emile Zola qui vécut lui aussi à Médan de 1878 à 1902 (sa maison est située juste à côté du musée Dreyfus – Maison Zola, Paul Cézanne le représenta dans quelques-uns de ses tableaux.
Derniers coups de pédales pour traverser Poissy, jetez un œil sur sa Collégiale et la Villa Savoye, chef-d’œuvre architectural de Le Corbusier, et me voilà de retour devant « mon » château de Saint-Germain.
La balade fut longue certes (un bon 200 kilomètres). Mais au bout du chemin, la sensation d’avoir en partie compris pourquoi la Seine inspira tant d’artistes et combien il est plaisant de se laisser guider par le rythme de ses eaux.
Trois véloroutes nationales à travers les Yvelines
- La Véloscenie rejoint Paris et le Mont-Saint-Michel (474 km) et emprunte le Parc de la Haute Vallée de Chevreuse www.veloscenie.com
- L’Avenue Verte Paris-Londres (520 km) sillonne le nord des Yvelines sur 25 km entre Chatou et Conflans-Sainte-Honorine www.avenuevertelondonparis.com
- La Seine à vélo permet de rejoindre la Normandie (Deauville, Honfleur ou Le Havre) au départ de Paris et traverse les Yvelines sur 83 km. www.laseineavelo.fr