Sur les traces de Louis XIV au Domaine royal de Marly

Une invitation à la flânerie

Les Yvelines comptent de nombreux parcs où il fait bon se balader, profiter de quelques instants loin de la furie du quotidien. Le Parc du Domaine royal de Marly-le-Roi est l’un d’eux. Sur 53 hectares, situés à 7 km de Versailles (le domaine est sous la responsabilité de l’Établissement public du château, du musée et du domaine national de Versailles, il est une invitation à la flânerie, à la détente mais aussi une immersion dans la grande histoire de France. Avec un peu d’imagination.

Cet espace fut en effet un lieu majeur du règne de Louis XIV. Pour s’échapper de l’effervescence de son Château de Versailles, le Roi, à la recherche de « simplicité » et « d’intimité » (tout est relatif) y fit construire un château. « J’ai fait Versailles pour ma Cour, Trianon pour ma famille, Marly pour mes amis », a déclaré un jour le Roi.

Le magnifique musée du Domaine royal de Marly fait revivre cette époque à travers de multiples tableaux, dessins, gravures et sculptures qui témoignent de toute la splendeur du lieu, il y a un peu plus de trois siècles. Grâce à réalité virtuelle, le visiteur peut même s’imaginer en invité du Roi et revivre à ses côtés, « L’Éclipse royale », éclipse de soleil du 3 mai 1715.

« Sire, Marly », la supplication des courtisans

Bâti par l’architecte Jules Hardouin-Mansart, le château, lieu de plaisir et de fêtes, fut régulièrement fréquenté par le Roi Soleil à partir de 1686. Pour y être conviés, les courtisan(e)s suppliaient le roi en prononçant la célèbre phrase « Sire, Marly ». Au Roi ensuite de décider de l’invitation. Un grand bâtiment central accueillait le roi. Les heureux « invités », déchargés des contraintes et bienséances versaillaises, logeaient dans douze bâtiments répartis dans le parc, de part et d’autre d’un grand miroir d’eau.

Le site fut progressivement délaissé par Louis XV et Louis XVI. D’abord pillé par les révolutionnaires, puis vendu à un industriel, il fut finalement détruit lors du Premier Empire quand, menacé de faillite, son propriétaire décida de vendre toutes les pierres des bâtiments. Largement dépecé, le parc fut racheté par Napoléon en 1811 et redevint un domaine de chasse.

La « ramasse », l’ancêtre des montagnes russes

Il est aujourd’hui une porte vers la forêt de Marly et ses sentiers parfois bien raides qui régalent les amateurs de trail ou de VTT. Le parc offre surtout un superbe espace de promenade. Au pied du plan d’eau, les enfants y courent derrière les canards. Un peu plus haut, quelques jeunes y prennent un cours de boxe. Histoire d’ajouter un peu de piment à leur sortie, certains vététistes (le parc est autorisé aux cyclistes depuis 2018) se lancent le défi de grimper tout en haut du parc par la côte du Tapis Vert où était située la « Rivière ». Sous Louis XIV, une gigantesque cascade aux décors de marbre occupait en effet cet endroit. Plus de 30 m de dénivelé en 270 m soit 12 % de moyenne, mais pour les vététistes, pas question de mettre pied à terre. Question de fierté. Cuisses en feu et souffle court garantis au sommet ! Au XVIIe siècle, à côté de nombreuses attractions dispersées partout dans le parc (balançoires notamment) on pouvait trouver là, la « Ramasse », l’ancêtre des manèges à sensations. Les invités du roi s’installaient dans de petits wagons posés sur des rails et dévalaient la pente. Des chevaux étaient chargés de remonter les wagons au départ. Aujourd’hui, le promeneur préfère se poser et contempler quelques instants le décor avec là-bas, au nord, la Seine qui dessine ses boucles et poursuit sa route vers l’ouest.  

La Machine de Marly, la « 8e merveille du monde »

La Seine justement. Le Musée du Domaine royal de Marly retrace l’histoire de la fameuse Machine de Marly, située sur la rive gauche du fleuve, sur la commune de Bougival. Les milliers d’automobilistes qui empruntent chaque jour cet axe ne se doutent probablement pas qu’ils passent à côté d’une véritable prouesse technologique. Louis XIV avait fait mettre au point un système de pompage des eaux de la Seine pour alimenter en eaux les jardins du Parc de Marly puis ceux de Versailles. Problème : une grosse colline faisait obstacle (27 m au niveau de la Seine, 167 m à Marly). Construite entre 1681 et 1682, inaugurée en 1684, cette machine était particulièrement impressionnante pour l’époque. Certains la qualifièrent même de « 8e merveille du monde ». Tout un système de pompes (14 pompes de 12 m de diamètre étaient présentes dans la Seine), de réservoirs et d’aqueducs en faisait une des machines les plus complexes de l’époque. Même si elle n’offrit jamais le rendement espéré, diverses évolutions technologiques lui permirent de fonctionner 133 ans, apportant l’eau de la Seine à Marly grâce notamment à l’aqueduc de Louveciennes encore visible à plusieurs endroits.

Les « Chevaux de Marly » et « l’Abreuvoir » derniers témoins de l’histoire

Avant de quitter le parc, passage obligatoire devant les sculptures des chevaux de Marly qui surplombent encore l’Abreuvoir, l’un des rares vestiges de la grande époque du lieu. Même si celles installées dans le Parc, juste au-dessus de l’Abreuvoir, ne sont que des copies des statues originelles sculptées par Guillaume Coustou, commandées par Louis XV au milieu du XVIIIe siècle (les originaux sont au Louvre), elles donnent une idée de la splendeur de l’endroit en d’autres siècles. Pour finir la balade, passage dans la Grande Rue du vieux Marly. De nombreuses maisons y subsistent encore dans leur aspect d’origine datant du XVIe au XVIII. Surnommée « la montagne fort raide » par Louis XIV, cette rue fut pavée en 1690 (comme le mentionne un panneau au bas de la rue) et mérite le détour. 

Pour en savoir plus…

Découvrez le site internet du musée du Domaine royal de Marly (1, Grille Royale, 78160 Marly-le-Roi) : musee-domaine-marly.fr

De nombreuses activités (conférences, visites guidées, animations pour les enfants, etc.), sont proposées par le musée tout au long de l’année : https://musee-domaine-marly.fr/evenements